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L’éthique du progrès

Monde d’après : Faire des économies plus que de l’économie, être économe plus qu’économiste...

Dans le monde des humains tout fonctionne par priorité et la première d’entre-elles est toujours ou très souvent exprimée par : « je veux (ou je dois) être le premier ». Et comme il y a toujours dans la nature ou le monde, plus fort que soi, que ce soit en matière d’économie, de science, de sport ou de technique, la course est perdue d’avance. Mais l’homme étant ce qu’il est, à toujours persévérer dans son être, l’avenir économique, puisque c’est notre sujet, est donc sans fin. Il est aussi sans fins utiles pour l’humanité quand il se borne satisfaire des égo de consommateurs et d’entrepreneurs ou bien plutôt de directeurs ayant pour seul horizon, le toujours plus, la croissance.

La courbe qui monte, s’aplatit et finalement replonge c’est bon pour les épidémies mais par pour l’économie. Même si en économie on admet que tout produit, comme n’importe quel être, croit et décline, toute économie a pour objectif de bannir ce phénomène pour installer une rationalité du vécu qui ne souffre pas du manque et de la nécessité, de ce qui caractérise la subsistance et son corollaire de passions avides, de brutalité, d’instinct de survie. L’économie rationalise la subsistance dans des mécanismes d’attribution et de partage, d’organisation que l’on peut comparer à ceux des fourmilières ou mieux en core des ruches d’abeilles.
Donc la subsistance ce n’est pas suffisant, il faut de l’économie ! Ceci, il faut l’affirmer et le réaffirmer comme une pierre que l’on jette dans le jardin des partisans de la collapsologie et autres théoriciens de la décroissance, car le moins ce n’est pas le partage mais la privation et le retour aux passions destructrices de la subsistance. Il y a donc une forme d’harmonie dans l’économie ; on pourrait même dire qu’elle est source d’harmonie et de paix.

Mais pourquoi tenir un tel discours qui peut paraître si dérisoire ou déconnecté des enjeux économiques actuels, des préoccupations immédiates et concrètes et de leurs solutions techniques qui semblent si évidentes qu’on en trouve, souvent les mêmes, partout : dans la presse, sur les blogs, sur les coins de table, dans les cercles de réflexion, … ?
Je vais me borner à donner deux raisons et une conclusion.

  • Personne ne peut passer en revue toutes les théories modernes de l’économie parce qu’elles sont aussi variées que les domaines auxquels elles s’appliquent et parce qu’il faut être un réel expert pour pouvoir les expliquer et les rendre compréhensibles. La plupart d’entre nous, nous sommes uniquement livrés à la pratique de ces théories, à leurs effets. Ainsi dans notre quotidien nous sommes, y compris en tant que chefs d’entreprise, banquiers, agriculteurs, plus aptes à faire des économies que de l’économie à l’échelle où l’on travaille et où l’on nous demande d’y réfléchir. Il faut le reconnaître.
  • Par ailleurs rien en nous empêche de repenser ce qui nous est imposé par la vie et de le regarder sous l’angle du progrès et du développement humain en s’appuyant, non sur des réflexions purement techniques et mais sur des valeurs humanistes et des principes d’action : recherche de valeurs éthiques communes, tolérance mutuelle, solidarité dans le temps et dans l’espace, principes de précaution, de progressivité, de durabilité, de modération, d’anticipation, de responsabilité, de concertation et de participation.

Ainsi, réenvisager « l’économie pour harmoniser le monde » comme suggéré plus haut, revient donc à forcer sur la dimension humaine de l’économie en la définissant dans une relation triangulaire entre l’Homme, l’activité organisée par l’Homme et l’environnement de cette activité ; l’environnement étant à la fois le produit et la condition de cette activité, et donc de l’harmonie dans le monde, de notre survie à longue échéance.

Ceci sera sans doute grandement possible si nous devenons tous des économes (des cherchant de la sobriété et du plus juste) et non des économistes (des militants de causes et de phénomènes que nous ne maitrisons pas), c’est une attitude qui est plus conforme à l’honnêteté, aux idéaux et aux actions à accomplir pour préserver le monde dans lequel nous vivons, pour nous et les générations à venir. Une telle réflexion sur l’économie de l’Économie ne peut échapper à ce débat et à chacun d’entre nous.

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