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L’éthique du progrès

Canada : le premier musée consacré à l’art inuit reçoit son nom : Qaumajuq

Le centre d’art inuit du Musée des beaux-arts de Winnipeg (WAG) a reçu son nouveau nom. Ce sera Qaumajuq, un mot inuktitut qui signifie « c’est brillant, c’est lumineux » et qui veut célébrer la lumière qui pénètre dans le nouveau bâtiment conçu par l’architecte Michael Maltzan.

Theresie Tungilik, une aînée inuit de Rankin Inlet au Nunavut, a un souhait pour Qaumajuq : Que ce soit un lieu où les visiteurs vivront la création de l’art inuit, de notre survie, nos difficultés et notre résilience.
Dans le même temps, le WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg a lui aussi reçu un nouveau nom en langue ojibwée. On l’appellera Biindigin Biwaasayaah, qui signifie « Entrez, l’aube de la lumière est là ». C’est une aînée de la Première Nation Sagkeeng, Mary Courchesne, qui a eu l’honneur de faire le dévoilement de ce nom. Le WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg sera toujours connu sous le nom de Musée des beaux-arts de Winnipeg, mais le nom de Biindigin Biwaasaeyaah marque le changement fondamental qui est entrepris.
Cette initiative est un acte de décolonisation, soutenant la réconciliation et la transmission des connaissances autochtones pour les générations à venir, affirme le président-directeur général du WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg, Stephen Borys, qui veut s’assurer que le WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg-Qaumajuq sera un foyer où les communautés autochtones se sentiront les bienvenues.
En raison de la pandémie de Covid-19, le dévoilement de ces nouveaux noms a eu lieu en mode virtuel. Les noms ont été choisis grâce à une consultation virtuelle de cercles consultatifs autochtones, qui regroupait notamment des aînés et des gardiens de langues autochtones.
« L’action de nommer et les noms sont un aspect très important de notre culture », déclare la gestionnaire des initiatives autochtones du WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg, Julia Lafreniere, ajoutant : « Un nom porte honneur et enseignement (…), cette initiative est notable, fière que le WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg embrasse cette tradition.
Les langues autochtones inuktitut, ojibwé, cri, dakota et métisse auront désormais une présence puissante dans tous les espaces qui accueilleront les visiteurs au WAG, mentionne-t-elle.
L’ouverture de Qaumajuq, premier musée consacré à l’art et à la culture des Inuit du Canada et d’ailleurs, est prévue à la fin du mois de février 2021. Stephen Borys précise que l’entrée sera gratuite pour tous les peuples autochtones.

Utiliser des noms autochtones dans les lieux publics

« Donner des noms autochtones à des espaces publics, c’est vraiment souligner la présence des Premières Nations autochtones tant sur le plan historique que contemporain », affirme Karine Duhamel, historienne et conservatrice du contenu autochtone au Musée canadien pour les droits de la personne qui affirme que « Rétablir la présence des Premières Nations c’est reconnaître qu’elles sont encore là ». Selon Karine Duhamel, la meilleure collaboration pour l’identification d’un nom qui se veut prudent et respectueux est d’inclure toutes les nations dans le territoire et toutes les personnes qui ont un lien avec ce lieu.
Pour elle, si le WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg a tenu à avoir un projet collaboratif dans la conception du centre d’art inuit, et qu’il faille considérer les partenariats qui ont aidé à la planification, il faut aussi considérer le territoire sur lequel on se trouve.
De son côté, le président-directeur général du WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg affirme que c’est la première fois qu’une telle initiative autochtone se passe au Canada. Il espère que l’expérience du WAGMusée des beaux-arts de Winnipeg où les langues autochtones ont désormais une présence notable, servira d’inspiration à d’autres établissements artistiques. Karine Duhamel est du même avis. Elle souhaite que ce geste soit répété ailleurs au pays, en respectant le processus de réconciliation.

L’histoire de l’art au Canada inclut en grande partie la colonisation, rappelle-t-elle. Les artistes autochtones ont dû se battre longtemps pour faire partie de ces espaces. Alors, aujourd’hui nous vivons un moment important.

Source : Radio Canada : Ici Manitoba - Sandra Poirier

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